Résumé:
Cet article interroge le rôle des configurations spatiales dans le palo monte afro-cubain. Dans ce culte, chaque chef rituel peut définir sa cosmologie et sa liturgie de manière autonome en créant, entre autres, un espace rituel personnel et personnalisé chez lui, les lieux de culte étant exclusivement domestiques. C’est cette idiosyncrasie architecturale qui nous intéresse ici car elle met en place des schémas moteurs spécifiques qui conditionnent la forme de l’action rituelle. La coordination des mouvements, des attitudes et des postures est induite par la spatialité des sanctuaires, mais aussi par leur acoustique et leur décorum. Chaque lieu de culte peut ainsi devenir source d’innovation rituelle. Comment un élément aussi trivial que la présence de sièges conditionne-t-il la mise en œuvre d’un rituel ? Comment la taille d’un artefact détermine-t-elle la mesure de sa sacralité ? En comparant le déroulement de l’action rituelle dans différents sanctuaires, à partir de l’étude des affordances architecturales, nous analysons la contingence topologique de cette pratique, autrement dit la dimension spatiale de l’expérience religieuse.
Référence:
Katerina KERESTETZI, « Architectures divines. Espace et kinesthésie dans le palo monte afro-cubain », Gradhiva, 2017/2 (n° 26), p. 100-133.