Résumé:
Fondée sous l’action d’« hommes justes, dévoués, bienfaisants et surtout grandement pénétrés du sentiment de la fraternité humaine », en quête de leur « propre apostolat », la loge la Rénovation d’Amiens participe pleinement à la renaissance maçonnique en Picardie, après des décennies de mise en sommeil. Terre de contrastes, fragmentée en une multitude de particularismes locaux, industrielle et agricole, essentiellement rurale mais solidement liée à son chef-lieu, marquée par le bonapartisme mais traversée par les nombreux proscrits du régime, catholique mais réduite à « l’un de ses malheureux diocèse autour de Paris », la Somme se définit, elle, comme une véritable « terre de mission maçonnique ». Malgré une existence éphémère (1864-1883), la Rénovation se distingue comme le relais d’une force sociale, idéologique, voire politique. Îlot au sein de l’archipel des « mondes maçonniques », à quelques heures à peine de la capitale, comment cette loge de province s’est-elle adaptée face aux contraintes locales ? Derrière l’apparente unicité de son Obédience, comment le maçon amiénois cultive-t-il la territorialisation de son chemin maçonnique ? Enfin, la loge, microcosme local, ne servirait-elle pas de courroie de transmission aux nouvelles idéologies qui transcendent aussi bien la société profane que maçonnique ?
Référence:
Julien RYCX, « Une loge à l’avant-garde des mondes maçonniques, la Rénovation d’Amiens (1864-1883) », Revue du Nord, 2017/4 (n° 422), p. 727-751.