Résumé:
Dans cet article, l’auteur tente de définir la paroisse ruthène dans la période qui a suivi l’Union de Brest et le rattachement de la métropolie de Kiev à l’obédience de Rome, à la fois dans un sens juridique et à travers l’ensemble des liens qui unissaient un ou plusieurs édifices cultuels et leurs desservants à un groupe local de croyants. Sur ce point, l’espace ruthène présente un cas singulier avec le développement de confréries orthodoxes dans plusieurs villes de la métropolie qui eurent parfois tendance (notamment à L´viv et à Vilnius) à se fondre dans les associations paroissiales. La question de la place des laïcs renvoie également au droit de patronage, qui dans la majorité des cas était détenu par le souverain catholique ou, plus souvent encore, par des nobles fondateurs de sanctuaires et par leurs héritiers. Face aux structures ecclésiastiques latines, la paroisse « de rite grec » se distingue à la fois par des limites territoriales moins nettes et par le poids plus important des laïcs dans son organisation et son administration. Il est toutefois indéniable que les modèles latins eurent des échos directs dans les pratiques des Églises kiéviennes, aussi bien uniate qu’orthodoxe, comme en témoigne, entre autres, l’inscription des visites pastorales dans les pratiques administratives des deux institutions concurrentes. Grâce à cette source unique pour les Églises chrétiennes orientales de l’époque, complétée avec la documentation juridique des tribunaux nobiliaires locaux, l’analyse met en lumière les facteurs et les résultats de la séparation – d’abord juridictionnelle puis « confessionnelle » – entre les clergés uniate et orthodoxe de l’État polono‑lituanien et de l’Hetmanat créé après l’insurrection cosaque de 1648.
Référence:
Laurent TATARENKO, « L’encadrement paroissial dans la métropolie de Kiev. Inerties, adaptations et transformations à l’âge des réformes religieuses (années 1590 ‑ années 1680) », Cahiers du monde russe, 2017/3 (Vol. 58), p. 271-302.