Résumé:
Si la mort sur la route tend à constituer un indicible ou un inénarrable, la dimension métaphysique et religieuse est essentielle pour saisir l’absence de pathos dans les récits concernant les scènes de violence et de mort auxquelles les voyageurs ont été exposés. Cet article se focalise sur la dimension existentielle qui émerge des formes langagières utilisées par les aventuriers (d’Afrique de l’Ouest) dans leurs récits, en mettant en lien les passages d’évocation de la mort et de la place de Dieu dans plusieurs corpus issus de terrains divers. À travers la construction des récits, les modalités discursives ou les formes de dialogisme, on observe que la mort revêt un caractère de subsidiarité dans le parcours mis en mots. Dans cette quête, la place de Dieu comme garant d’un devenir devient alors essentielle. Pris dans la contradiction entre une injonction divine appelant à se soumettre à la loi du destin et le désir incommensurable de se déplacer pour forcer ce destin, les aventuriers ne cessent d’expérimenter une tension dont le point de résolution ne peut revêtir que la délivrance définitive.
Référence:
Cécile CANUT, « « Tu ne pleures pas, tu suis Dieu… » Les aventuriers et le spectre de la mort », Revue européenne des migrations internationales, 2017/2 (Vol. 33), p. 21-43.