Résumé:
Le texte promulgué à l’occasion de la Diète de 1573, avant l’élection d’Henri de Valois au trône de Pologne, est souvent considéré comme le compromis le plus abouti dans le contexte des tensions religieuses nées de la Réforme. Il est aussi présenté comme l’expression du particularisme politique de la République polono-lituanienne qui aurait fait de la « tolérance » un véritable mode de gouvernement. Pourtant, derrière cette reconnaissance des libertés religieuses se révèle être le renforcement du pouvoir local de la noblesse à la fois par rapport aux institutions ecclésiastiques et face à l’autorité royale. L’article propose de réexaminer comment cet État a su se préserver, pour un temps, des déchaînements de la violence confessionnelle en déplaçant la confrontation religieuse de la scène publique vers les juridictions des seigneurs privés et des communautés urbaines. Ce transfert implicite constitue également l’une des raisons des bouleversements survenus à la suite des guerres des années 1640-1660, qui ont fini par rendre caducs les anciens équilibres et forger l’imaginaire d’une Pologne-Lituanie définie comme un « bastion du catholicisme ».
Référence:
Laurent TATARENKO, « La Confédération de Varsovie du 28 janvier 1573 : une politique de tolérance au service des privilèges nobiliaires », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, 2018/1 (n° 125-1), p. 9-23.