Résumé:
Les « péris en mer » n’étaient malheureusement pas rares en Bretagne. André, de Douarnenez se rappelle qu’en 1942 un langoustier nommé « le Mont-blanc » avait été porté disparu depuis huit mois, si bien que les femmes avaient revêtu leur tenue de deuil jusqu’à l’annonce de son retour inespéré : « le Mont blanc est en baie ! ». La statue de Sainte Anne figurant dans le pignon de certaines maisons de pêcheur à Douarnenez était censée les protéger du malheur. André raconte qu’en 1917, alors que la pinasse sardinière de son grand-père s’était faite tirée dessus par un sous-marin allemand, il avait fait agenouiller son équipage afin de promette à Sainte Anne de se rendre à genou de Douarnenez à la chapelle Sainte-Anne-la-Palud s’ils rentraient sains et saufs. Bien que Douarnenez soit la première municipalité française à élire un maire communiste en 1921 suite aux grèves des femmes qui travaillaient dans les conserveries de sardine (les penn sardin), la famille d’André, patrons de pêche de père en fils, n’était pas « rouge » mais de « sang bleu ». Sa mère était une catholique fervente et vouait une grande dévotion à des sainte Thérèse de Lisieux et à sainte Rita. Elle dilapida l’argent gagné à la pêche par son mari en le donnant au curé qui « commandait dans les maisons ». Comme dans beaucoup de familles bretonnes où un fils, souvent cadet, devait être consacré à Dieu, André faillit devenir prêtre avant d’échapper à cette vocation.
Référence:
Les matins sont de grands secrets. André, fils de pêcheur de Douarnenez, 2018, 28min