Résumé:
À partir de l’été 2013, à la suite du renversement par l’armée du président Morsi et du massacre de ses partisans, le geste de la main présentant quatre doigts tendus et le pouce replié est devenu un symbole de solidarité avec les Frères musulmans égyptiens (FM). S’il s’est diffusé à travers le monde, c’est en Turquie que ce geste, appelé « signe de Rabia » en référence au nom de la place où le massacre a eu lieu, a connu le succès le plus important, tout en prenant des significations différentes. Comment rendre compte de son adoption et de son adaptation dans le contexte turc ? Ce processus est-il dû à la présence de nombreux exilés FM dans ce pays ? Cette étude montre que, loin de ne constituer qu’un contexte d’accueil, les espaces nationaux et transnationaux islamiques en Turquie ont été les coproducteurs du signe et de ses interprétations. Elle met en évidence la façon dont la circulation de ce signe s’articule à des logiques non seulement de synchronisation des mobilisations dans ces espaces, mais aussi de segmentation, notamment entre ces espaces et l’espace diasporique des FM.
Référence:
Marie VANNETZEL, « Sous le signe de Rabia : circulations et segmentations des mobilisations (trans)nationales en Turquie », Critique internationale, 2018/1 (N° 78), p. 41-62.