Résumé:
Au concile Vatican II, le cardinal Beran fit une intervention plus ou moins célèbre. Lors du débat sur la liberté religieuse, l’archevêque-primat de Prague, sorti peu avant des geôles communistes, fit de la conversion de la Bohême avec l’appui du bras séculier au XVII e siècle la cause d’un « traumatisme », qui expliquait la déprise religieuse contemporaine en Tchécoslovaquie communiste. Au-delà d’une lecture en miroir anti-communiste évidente, le primat utilisait un argument historique important, qui était l’appui essentiel de son propos. L’article examine la relation entre ces deux phénomènes très éloignés dans le temps, et conclut à son inexistence. Il s’attache ensuite à retracer la généalogie de cette erreur historique, et cherche à comprendre comment, par un curieux paradoxe, l’historiographie catholique se trouva, dans la dernière moitié du xx e siècle, la dernière à la défendre.
Référence:
Nicolas RICHARD, « La tradition laïque tchèque, héritage de l'intolérance de l'époque moderne : problème historiographique ou question historique ? », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, 2018/1 (n° 125-1), p. 123-136.