contact@gis-religions.fr
04.26.07.66.29.

Actualités

                                                                                       

université P sorbonne

Logo université cote dazur

culture préhistoire         arscan            peer

Programme Espace et Religieux (PEER)1

Appel à communications

Table ronde « Convertir un lieu »

Jeudi 10 et Vendredi 11 mars 2022, Université Côte d’Azur (Nice)

 

En France, l’intérêt des sciences humaines et sociales pour l’espace comme entrée et objet d’analyse pertinents, croissant depuis les années 1980 (le « tournant spatial »), est désormais généralisé. Les études portant sur les spatialités des sociétés se multiplient, notamment en ce qui concerne l’analyse des faits religieux. En histoire et en archéologie, c’est d’abord pour la période médiévale et l’étude du christianisme que s’est développée une réflexion sur la construction de l’espace appuyée sur des notions d’anthropologie (Congrès de la SHMESP, 2007). Plus récemment, une géographie des faits religieux s’est constituée en une branche distincte de la géographie culturelle, mobilisant des concepts sociologiques et anthropologiques (Dejean, Endelstein, 2013). En sociologie et en anthropologie des religions, le terrain d’enquête n’est plus seulement décor mais paysage des expériences et des représentations (Obadia, 2015). Face à cet intérêt pour les rapports entre l’espace et le religieux, la Table ronde des 10-11 mars 2022, intégrée au programme Espace et Religieux, se voudrait être une occasion de dialogue entre les disciplines. La thématique choisie est celle de la conversion de l’espace. Fortement transversale, elle fait écho à d’importantes dynamiques religieuses de l’histoire, inévitablement associées à des mécaniques socio-politiques. La conversion des lieux renvoie du reste à des considérations contemporaines : visibilité religieuse dans l’espace ou enjeux patrimoniaux (Sainte Sophie à Istanbul).

Nous nous intéresserons ici à la notion de conversion dans sa dimension religieuse, soit l’adoption de nouvelles croyances par un individu ou un collectif, de manière forcée ou volontaire (Azria, Hervieu-Léger, 2010). Puisque l’humain est spatial (Lussault, 2007), la conversion des hommes et des femmes doit s’envisager dans des lieux et des territoires. Bien qu’abordés par différents groupes de recherche, tels que le programme en histoire POCRAM, les questionnements sur la conversion de l’espace restent limités par leurs cadres disciplinaire, chronologique et/ou géographique. Cette journée d’étude entend décloisonner la réflexion en invitant des chercheurs, jeunes ou confirmés, de tout horizon disciplinaire au sein des sciences humaines et sociales. Chaque participant sera invité à expliciter ses démarches et ses modèles, afin de permettre d’éventuels transferts entre disciplines. Toutes les « religions » peuvent être envisagées : les trois monothéismes (judaïsme, christianisme et islam), les polythéismes (historiques tels que le panthéon grec et actuels tels que l’hindouisme) et d’autres expressions spirituelles (bouddhisme, animisme, totémisme). Le « lieu » d’inscription des faits religieux peut renvoyer à des espaces anthropiques ou naturels (Unesco, 1998), abstraits ou matérialisés, et être étudié à différentes échelles et à travers différents types de représentation. Aucune limite géographique ou historique (de la Préhistoire à nos jours) n’est imposée.

Nous voudrions inviter à réfléchir à la conversion de l’espace du point de vue des acteurs (politiques, religieux, économiques), de leurs motivations et des moyens mis en œuvre, et à ses conséquences socio-spatiales. Des distinctions seraient à opérer dans le processus entre des religions universalistes et missionnaires et des religions non englobantes. La conversion de l’espace peut se traduire par une modification matérielle du paysage (édification de lieux de culte, mise en scène de symboles) ; par des rituels ou mobilités « territorialisant » la religion (Bonnemaison, 1992) ; par l’adoption d’une autre conception de l’espace sacré (Nordeide, 2013) ; par la gestion des co- spatialités dans le cas d’une coexistence religieuse ; par l’instauration de nouvelles dénominations (toponymes, substantifs désignant l’espace religieux) ; par la théorisation et l’institutionnalisation des lieux religieux par des discours normatifs ; par l’évolution des représentations autour des cultes inscrits dans l’espace (patrimonialisation, sécularisation). Les questions de continuité ou de temporalité (moment de la conversion ou processus sur la longue durée) offrent également matière à réflexion. Ces différents phénomènes permettent in fine d’interroger la nature spatiale de la conversion : existe-t-il des transitions religieuses s'opérant sans conséquences territoriales, ou la conversion religieuse est-elle fondamentalement spatialisée ?

Dans cette optique, les propositions pourront s’insérer dans l’un des trois axes suivants :

  1. Convertir un lieu pour lui donner un sens
  2. Convertir un lieu pour inscrire une norme religieuse différente de celle qui était auparavant liée à ce
  3. Convertir un lieu afin d’effacer ou d’occulter sa dimension

Les propositions de communication (résumé et titre) ne devront pas dépasser 500 mots et seront accompagnées de renseignements (situation institutionnelle, domaine de recherche). Nous attendons vos propositions avant le 20 septembre par mail à l’adresse suivante : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Bibliographie indicative

  • Bonnemaison J., « Le territoire enchanté. Croyances et territorialités en Mélanésie », Géographie et Cultures, 3, 1992, p. 71-88.
  • Construction de l'espace au Moyen Âge : pratiques et représentations, Actes des congrès de la SHMESP, 37ᵉ congrès tenu à Mulhouse, Publications de la Sorbonne, Paris, 2006.
  • Dejean F., Endelstein L., « Approches spatiales des faits religieux. Jalons épistémologiques et orientations contemporaines », dans Carnets de Géographes, 2013.
  • « Conversion », dans R. Azria, D. Hervieu-Léger (dir.), Dictionnaire des faits religieux, Presses Universitaires de France, Paris, 2010, p. 188-190.
  • Nordeide S. W. (dir.), Sacred Sites and Holy Places: Exploring the Sacralization of Landscape through Time and Space, Brepols, Turnhout, 2013.
  • Obadia L., « Spatial turn, beyond geography: a new Agenda for sciences of religion? », International Review of Sociology, 25:2, 2015, p. 200-217.
  • Poutrin I., « Changement de décor. La conversion des lieux de culte », Conversion/Pouvoir et religion, 3 novembre 2014. En ligne : http://pocram.hypotheses.org/429
  • Les Sites sacrés naturels, Symposium Unesco, Paris, France, 22-25 septembre 1998.
  • Scheid J., De Polignac F., « Qu’est-ce qu’un “paysage religieux” ? Représentations cultuelles de l’espace dans les sociétés anciennes », Revue de l’histoire des religions, 2010/4, p. 427-434.

En PJ :appel à communication

Pièce(s) jointe(s):
Télécharger ce fichier (affiche appel à communications(1).pdf)affiche appel à communications(1).pdf408 Ko