En mai dernier, un colloque intitulé « Prisons, prisonniers et spiritualité » aurait dû se tenir à l’Université Saint-Louis Bruxelles, organisé par l’École des sciences philosophiques et religieuses, en collaboration avec le CRHiDI et le GIS Religions : Pratiques, textes, pouvoirs (CNRS). Pour d’évidentes raisons, cela a dû être reporté. Entre-temps, la publication des « actes » a cependant été menée à son terme.
Ce 27 novembre, différents auteurs présenteront de manière virtuelle leurs recherches réalisées dans ce cadre. Ce sera également l’occasion de discussions et d’échanges, comme da« vrai » colloque.
Prisons, prisonniers et spiritualité
Colloque-présentation 27 novembre 2020
Colloque organisé par l'École des sciences philosophiques et religieuses (USL–B) ,
le Centre d’histoire du droit, des institutions et de la société (USL-B),
le GIS Religions : Pratiques, Textes, Pouvoirs (CNRS) et le Labex Comod (Université de Lyon).
Pratiquer une religion, vivre une spiritualité en prison cela va-t-il de soi ?
Ce colloque visera à croiser les approches que différentes disciplines (droit, sociologie, théologie, psychologie, etc.) peuvent avoir de la question. Les thématiques à aborder sont nombreuses : cadre légal, action de ministres du culte ou de conseillers laïcs, organisation concrète, poids de l’incarcération sur les croyances, radicalisation, respect des libertés individuelles,… Les situations, par ailleurs, évoluent dans le temps et varient selon les États et les contextes sociétaux. D’où une large ouverture des communications tant au niveau chronologique que spatial.
VENDREDI 27 NOVEMBRE 2020
10h00 | Introduction & mot d’accueil : Philippe Martin et Philippe Desmette
10h10 | Anne Fornerod (CNRS, Université de Strasbourg) Les conditions d’exercice de la liberté de religion en détention en France
10h30 | Marine Bobin (Université Toulouse 2) Une sweat lodge en prison : accommodement religieux dans les prisons tribales aux États-Unis
10h50 | Claire de Galembert (CNRS, ENS-Paris-Saclay) Des aumôniers pour lutter contre la radicalisation ?
11h10 | Frédéric Rognon (Faculté de théologie protestante de Strasbourg) Les paradoxes de la laïcité : exemple de l’aumônerie protestante des prisons en France
11h30 | Discussion
Pause de midi
13h30 | Nadia Taibi (Université Lyon 3) Le temps ou la démesure de la peine : ennui et spiritualité en prison
13h50 | Philippe Malhaire (Université de Lorraine) Composer à l’Oflag : l’influence de la captivité sur la spiritualité d’Émile Goué
14h10 | Bruno Maes (Université de Lorraine) Les récits de libérations miraculeuses
14h30 | Charles Atkins (Princeton) Spécificités de l’environnement carcéral dans un contexte de renouveau spirituel
14h50 | Malory Schneuwly Purdie (Université de Fribourg) Quand l’islam s’exprime en prison
15h10 | Ahmed-Nordine Touil (Université Jean Monnet Saint- Étienne) Adolescents sous la main de la justice et espaces religieux
15h30 | Discussion
INSCRIPTION OBLIGATOIRE via cce formulaire. Vous recevrez prochainement un lien TEAMS pour accéder au colloque.
INFORMATIONS : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. UNIVERSITÉ SAINT-LOUIS — BRUXELLES Boulevard du Jardin botanique, 43 1000 Bruxelles
Sous la direction de Philippe Desmette et Philippe Martin
Voici le fruit d’une vaste réflexion autour d’une problématique très actuelle : la place des religions et des spiritualités en milieu carcéral. Le propos est résolument interdisciplinaire – droit, sociologie, théologie, histoire… – et sur le temps long, du xviiie siècle jusqu’à nos jours, ce qui a permis de saisir les évolutions en lien avec les contextes sociétaux au sens large. La question se confronte d’emblée à deux réalités : le droit et la liberté individuelle. Comment une législation envisage-t-elle l’exercice d’une spiritualité ou des spiritualités en milieu carcéral, comment l’encadre-t-elle, avec plus ou moins d’aisance ? Se pose également la question de l’évolution en la matière, dans le sens d’un plus ou moins grand encadrement normatif en raison de l’évolution du contexte global. D’où l’opportunité de s’interroger sur la compatibilité de cette norme avec les droits élémentaires des personnes incarcérées. Ce livre décline trois dimensions : les acteurs (les aumôniers) ; le cadre légal, avec une présentation des situations en France, Belgique, États-Unis, Maroc… ; vivre le religieux, que ce soit la « rencontre » avec la foi, la conversion, le rejet…
Philippe Desmette, professeur à l’Université Saint-Louis-Bruxelles. Ses principaux axes de recherche sont les pratiques de dévotion et la sainteté à l’époque moderne, et l’historiographie médiévale et moderne dans les anciens Pays-Bas. Il a publié entre autres Dans le sillage de la réforme catholique : les confréries religieuses dans le Nord du diocèse de Cambrai 1559-1802 (Académie royale de Belgique, 2010).
Philippe Martin, professeur d’histoire moderne à l’université Lyon 2 Lumière, directeur de l’Institut supérieur d’études des religions et de la laïcité (ISERL) et du GIS Religions-textes-pratiques-pouvoirs du CNRS. Il s’intéresse particulièrement aux dévotions sur le temps long (xviie-xxie siècle). Il a notamment publié Une religion des livres. (1640-1850) (Cerf, 2003) et Le Théâtre divin. Une histoire de la messe du xvie au xxe siècle (CNRS éd., 2009).
Philippe Desmette et Philippe Martin ont déjà fait paraître chez Hémisphères éditions/M&L, en 2018, Le Miracle de guerre dans la chrétienté occidentale.
INTRODUCTION Philippe Desmette et Philippe Martin
I . UNE EXPÉRIENCE SPIRITUELLE ? Saint Jacques le Majeur : un saint guerrier et un saint libérateur Julie Brunel
Les récits de libérations miraculeuses : un appel à la conversion ? Bruno Maes
Le temps et la démesure de la peine :ennui et spiritualité en prison Nadia Taibi
Spécificités de l’environnement carcéral dans un contexte de renouveau spirituel Charles Atkins
Composer à l’Oflag : l’influence de la captivité sur la spiritualité d’Émile Goué Philippe Malhaire
Quand l’islam s’exprime en prison. Religiosité réhabilitatrice, résistante et subversive Mallory Schneuwly Purdie
Adolescents sous la main de la justice et espaces religieux : une résonance Ahmed Nordine Touil
II. GERER LE RELIGIEUX
Les conditions d’exercice de la liberté de religion en détention en France Anne Fornerod Une sweat lodge en prison : l’incarcération des Amérindiens aux États-Unis Marine Bobin Les prisons de l’Italie et l’islam : formes de religiosité, gestion de la diversité et enjeux actuels Mohammed Khalid Rhazzali Prévenir et gérer l’extrémisme violent au Maroc Farid El Asri Les paradoxes de la laïcité. L’exemple de l’aumônerie protestante des prisons en France Frédéric Rognon Des aumôniers pour lutter contre la radicalisation ? Retour sur l’institutionnalisation de l’aumônerie musulmane en France Céline Béraud Claire de Galembert Être aumônier de prison. Un témoignage Pascal Hickel
Au lendemain de l’incendie de Notre-Dame de Paris, le 16 avril 2019, le quotidien Libération donnait à la une de son édition un titre bref et particulièrement signifiant au récit de l’événement : « Notre-Drame ». Spectaculaire dans ce dernier cas, le phénomène de ré-appropriation collective par la communauté civile ou par la nation entière d’un mo-nument religieux n’est cependant pas inédit. C’est en effet souvent à l’occasion d’événements affectant la communauté elle-même (guerres, bombardements, catastrophes naturelles) que les cathédrales redeviennent ainsi le bien de tous, au-delà de leur appartenance à une communauté confessionnelle ou municipale. Cette appropriation souvent problématique est alors effectuée par des discours, des récits et des images qui construisent ainsi un « récit commun » sur le mo-nument et sur le lien qui l’unit ou le réunit à la communauté dans les heures qui suivent immédiatement l’événement.La journée d’études « La cathédrale et l’événement » portera, à l’occasion de la célébration des 800 ans de Notre-Dame d’Amiens, sur cette restructuration histo-rique des récits autour du monument confronté à l’épreuve de sa disparition pos-sible -partielle ou totale. A cette occasion, le monument peut en effet redevenir un objet culturel commun et/ou un symbole national, que la catastrophe résulte d’un acte de guerre (bombardement et incendie de la cathédrale de Mayence 1792, de la cathédrale de Reims en 1914), d’une destruction volontaire (cathédrales d’Arras ou Boulogne ; église universitaire de Leipzig) ou d’un accident (incendie de Notre-Dame d’Amiens en 1988, cathédrale de Metz 1877 et Notre Dame de Paris 2019).Des interventions émanant de journalistes, d’historiens et de spécialistes de l’ana-lyse du traitement médiatique (image, discours et récit) de l’événement seront ainsi consacrées aux récits et aux images des catastrophes auxquelles ont été confron-tées des églises d’Allemagne et du Nord de la France, avant le récent incendie de Notre-Dame-de-Paris. La matinée se terminera sur une table ronde « Images/récits du désastre - le monument face à sa disparition », qui analysera les enjeux de ces récits, immédiats ou réélaborés sur le temps long.L’après-midi sera dédiée à l’analyse des discours sur la reconstruction du monu-ment, et se conclura également sur une table ronde : comment reconstruire, et que re-construit-on ?La journée d’études permettra ainsi de mettre en lumière la façon dont la mise en danger brutale, événementielle, d’un édifice millénaire permet une restructuration des représentations qui lui sont liées, et notamment une réappropriation nationale de sa symbolique. La comparaison entre la structuration de la mémoire sur le temps long et sa modification par le traitement d’une actualité immédiate fourniront également des outils à une réflexion plus large sur les processus propres à la com-mémoration elle-même.
Ouvert au public
Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. : Ludolf Pelizaeus, Anne Duprat, Guillaume Roussange
« De Cham à Yakub. Structures, emplois et diffusions des discours généalogiques religieux »
27 et 28 janvier 2021 – Le Mans Université
Non seulement les religions peuvent parfaitement s’accommoder de la « race », en particulier lors de l’acmé de la raciologie dite scientifique au XIXe siècle, mais elles sont capables également d’en produire dans la longue durée, bien avant l’émergence de la notion de « race » issue de l’histoire naturelle. Dans ce schéma, le rôle de la notion de lignage est déterminant et les textes sacrés permettent de construire et d’essentialiser des différences. Le déterminisme racial repose alors sur le récit soit d’une malédiction – aboutissant à la création d’un lignage stigmatisé – soit d’une bénédiction ou d’un rattachement à un noble lignage. Dans le premier cas, l’exemple le plus connu, est celui de la malédiction de Ham/Cham (Gn. 9) qui permit – entre autres choses – de justifier l’esclavage des populations noires [Braude, 2002 ; Haynes, 2002 ; Goldenberg, 2003 ; Whitford, 2009] y compris dans l’islam bien que ce récit ne figurât pas dans le Coran. Dans le second cas, le meilleur exemple réside dans les théories du British Israelism [Barkun, 1997] défendues par Wilson puis Hines au XIXe siècle et restées très populaires dans le monde anglo-saxon jusqu’au milieu du XXe s. Ces conceptions s’accompagnent souvent d’une racialisation de la notion d’élection et de peuple élu qui, alors, loin d’être conçue comme métaphorique ou ressortant d’une mission particulière au sein de l’humanité, apparaît à ses défenseurs comme l’expression d’une supériorité raciale. Or cette prétention à l’élection tend à se renforcer à partir du XVIIe siècle au sein de la galaxie protestante aussi bien en Afrique du sud qu’en Amérique. Parmi ces constructions, certaines sont bien moins étudiées. Il s’agit en particulier de celles produites par les populations africaines-américaines ou afro-caribéennes au XIXe siècle. Dans un premier temps, il s’agit avant tout de revaloriser la « race » noire et de lui conférer une égale dignité. Par la suite, le discours, aussi bien dans le christianisme africain-américain [Livingstone, 2011 ; Harvey, 2007] que dans le Black Judaism ou encore que dans la Nation of Islam, en vient à inverser les stigmates et à donner à la « race » blanche une origine ANR RELRACE indigne. Des contre-discours de l’élection sont également produits ; ils sont particulièrement manifestes dans le rastafarisme et constituent un outil encore opérant aujourd’hui même s’il reste difficile d’en mesurer l’imprégnation. Dans tous les cas, les questions autour de la circulation et de l’hybridation de ces généalogies racialo-religieuses ont été peu travaillées.
Les propositions de communication assorties d’un C.V. sont à envoyer à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. pour le 30 nov. 2020 au plus tard.
LE VODOU, LE PRÊTRE ET L’ETHNOLOGUE Retour sur la polémique Joseph Foisset / Jacques Roumain (Haïti, 1942)
En 1860, un concordat est signé entre le Saint-Siège et l’État haïtien. Dès lors, le clergé catholique entame en Haïti une lutte sans merci contre le vodou, une religion populaire considérée comme une superstition, tant par le législateur haïtien que par l’Église catholique. Cette dernière va ainsi y mener trois « campagnes antisuperstitieuses » (1896-1900, 1911-1912 et 1939-1942). La dernière – communément appelée « campagne de la renonce » – est lancée alors que triomphe l’indigénisme dans la littérature et les arts, et que la législation contre les pratiques dites superstitieuses s’est renforcée en 1935. Cette croisade divise le pays au point que le gouvernement y met brusquement fin. C’est dans ce contexte qu’une polémique éclate entre l’intellectuel marxiste haïtien Jacques Roumain, directeur du Bureau d’Ethnologie d’Haïti, et le spiritain Joseph Foisset, né en Alsace, qui s’est fait connaître par ses écrits tranchants contre l’école durkheimienne d’ethnologie et le marxisme. Les échanges sont très suivis et abordent différentes questions religieuses. Or, quelques décennies plus tard, bien que cette polémique soit restée célèbre, seuls les écrits de Roumain bénéficient d’une certaine médiatisation. Aucun ouvrage ne reprend ni n’analyse l’intégralité des échanges entre les deux intellectuels. Nourri d’abondantes citations, le présent travail se propose de resituer le cadre sociohistorique de cette polémique et d’en déterminer les enjeux.
LEWIS AMPIDU CLORMÉUS est docteur en sociologie. Enseignant à l’Université d’État d’Haïti (UEH), il est aussi, notamment, chercheur associé au Centre d’études en sciences sociales du religieux (CéSor) de l’EHESS. Il s’intéresse surtout aux relations entre l’État et les religions en Haïti, à la gestion du patrimoine culturel et à l’histoire intellectuelle. Parmi ses plus récentes publications : Le Vodou haïtien. Entre mythes et constructions savantes (Riveneuve Éd., Paris, 2015) et Duverneau Trouillot et le vodou. Réflexions d’un intellectuel haïtien du XIXe siècle (Éd. du CIDIHCA, Québec, 2016).
Si, selon la célèbre formule de Mac Luhan « le médium, c’est le message », qu’en est-il des effets réciproques entre religions et médias ? Presse écrite, radios, télévisions, sites web, campus numériques, toutes ces formes de communication sont aujourd’hui investies par le religieux qui est également polymorphe. Nous avons conçu ce colloque comme une double articulation entre les formats conférences/tables rondes ainsi qu’entre le discours des acteurs et celui des chercheurs. Une occasion de mieux comprendre encore les mutations du religieux qui n’en finit pas de rester d'actualité.
Jeudi 15 octobre 2020 : Ce que les religions font aux médias*
9h Accueil 9h30-9h45 Ouverture : Philippe Gaudin (IESR/EPHE) et Didier Leschi (IESR) 9h45-10h30 Historique du paysage médiatique religieux en France : Denis Pelletier (EPHE) 10h45-12h30 Presse religieuse d’actualité ou presse d’actualité religieuse ?, table ronde présidée par Philippe Gaudin : Marc Knobel (CRIF), Guillaume Goubert (La Croix), Nathalie Leenhardt (Réforme), Mohammed Colin (Saphir News) 14h-15h15 L’audiovisuel religieux entre service public et initiatives privées, table ronde présidée par Stéphanie Laithier (IESR/EPHE) : Laurence Bobillier (FranceTélévisions), Paule-Henriette Lévy (RCJ/L’Arche), Éric Pailler (Le Jour du Seigneur), Valérie Thorin (Fréquence Protestante), Abderrahim Hafidi (Islam), Ghaleb Bencheikh (Questions d’islam) 15h30-17h Les religions à l’ère du campus numérique, table ronde introduite et présidée par David Douyère (Université de Tours) : Laurent Munnich (Akadem), Chiheb M’Nasser (Campus Lumières d’Islam/FIF), Jean-Luc Mouton (Campus protestant), Éric de Legge (Aleteïa)
Vendredi 16 octobre : Ce que les médias font aux religions*
9h Accueil 9h15-9h45 Les religions sur Internet : évolution d’un site d’information (Eurel) : Anne-Laure Zwilling (CNRS/Université de Strasbourg) 9h45-10h45 Religions/Covid/Médias : entretien avec Samuel Peterschmitt (pasteur de l'Église de la Porte Ouverte de Mulhouse) 11h-12h30 Les religions sont-elles un sujet comme un autre ?, table ronde présidée par Renaud Rochette (IESR/EPHE) et Jean de Saint Blanquat (IESR) : Bernadette Sauvaget (Libération), Jean-Marie Guénois (Le Figaro), Ann-Gaëlle Attias, Robin Verner (BFMTV), David Straus (CFJ), Gaëtan Supertino (Europe 1/Le Monde des religions) 14h-16h30 Regards scientifiques sur les faits religieux dans les médias, interventions (présentées par Jamal Ahbab, IESR/EPHE) d’Éric Vinson (Les impasses du «sens commun» médiatique), Isabelle Saint-Martin (EPHE, L’usage des caricatures et images à caractère religieux dans la presse contemporaine) et Ismaïl Ferhat (Université de Picardie, Les affaires du voile dans les milieux médiatiques et scientifiques) 16h30-17h : Débat conclusif
L'amphithéâtre étant vaste, les précautions sanitaires de distanciation seront effectives. Pour les personnes ne pouvant se rendre sur place, le colloque sera également retransmis en direct sur la page Facebook de l'IESR.
Lieu : Centre de colloques du Campus Condorcet (amphithéâtre 150) place du Front Populaire, Aubervilliers (à la sortie du métro Front Populaire, ligne 12)
Cet ouvrage retrace l’évolution des grandes Églises historiques sur la question de l’écologie.
C’est au cours des années 1960 que les premiers penseurs protestants identifient un lien possible entre croyances et crise environnementale. Une importante réflexion a été menée au sein du Conseil œcuménique des Églises. Elle a débouché sur un programme mis en place dès les années 1980, «Justice, paix et sauvegarde de la création», ainsi que plusieurs documents et prises de position théologiques. Malheureusement, ce travail est demeuré celui d’une élite. Il n’a jamais concerné les paroisses locales. Pourquoi cet échec? C’est une des premières questions à laquelle cet ouvrage répond.
Ensuite, l’encyclique du pape François Laudato si’ a mis l’Église catholique au centre de l’agenda du verdissement des Églises. Après avoir montré que déjà au XIXe siècle plusieurs scientifiques catholiques essayaient de concilier leur foi et leurs connaissances environnementales, nous verrons que c’est surtout à partir du sud du monde, avec notamment la théologie de la libération et par l’engagement de la Compagnie de Jésus, que cette prise de conscience a pu avoir lieu, tardivement, dans le catholicisme. Mais là encore, sans réel impact en ce qui concerne l’engagement local des paroisses en Europe.
Si les discours théologiques des Églises intègrent de plus en plus la dimension environnementale, le temps des paroisses prophétiques ou exemplaires dans ce domaine en Europe semble encore bien loin.
Avec les contributions de Marie Drique, Fritz Lienhard, Philippe Martin, Luis Martínez Andrade, Christophe Monnot, Martin Robra et Frédéric Rognon.
Christophe Monnot est professeur en sociologie des religions à l'Institut de sciences sociales des religions contemporaines (ISSRC) de l'Université de Lausanne.
Frédéric Rognon est professeur en philosophie de la religion à la Faculté de théologie protestante de l’Université de Strasbourg. Il est considéré comme l'un des meilleurs spécialistes de Jacques Ellul
Projet pour une École d’été du GIS Religions- Textes, pratiques, pouvoirs
Printemps 2021
Note préliminaire P.A. Fabre
Le GIS Religions- Textes, pratiques, pouvoirs prend l’initiative d’une École d’été consacrée aux « Usages du Coran ». Cette initiative nous semble bienvenue et conforme à l’un des attendus de la création de ce GIS, appelé à œuvrer en particulier pour un développement coordonné des recherches scientifiques sur l’Islam dans la France d’aujourd’hui.
Une première réunion de travail a réuni le 4 mars 2020 les directions du Césor, du GSRL et du LEM, cette Ecole devant avoir lieu sur le Campus Condorcet ; mais ces trois centres devant évidemment faire appel à d’autres unités de recherches regroupées au sein du GIS.
Deux attendus se sont fait jour lors de cette réunion :
d’une part, favoriser la circulation entre les disciplines, pour aider à la coopération scientifique de ces disciplines sur un objet aussi complexe, qui demande en particulier le dialogue des sciences historiques et des autres sciences sociales.
d’autre part, favoriser un dialogue entre l’objet spécifique des usages du Coran – qui nous semble important en particulier, dans le prolongement de l’importante publication récente concernant le texte coranique – et d’autres usages du Livre Sacré, dans le cadre des « religions du Livre » et au-delà.
Ces deux attendus nous conduisent à envisager un ensemble de tables-rondes (entre 5 et 6) réunissant sur une série de questions transversales des représentants de nos diverses disciplines.
Nous nous sommes donnés jusqu’à la fin de ce mois d’avril pour que se développe dans nos unités une réflexion sur les questions que nous devons privilégier. C’est sur cette base conceptuelle que nous serons le mieux à même de suggérer des contributions précises.
Un appel sera ensuite lancé aux doctorants et post-doctorants intéressés, qui seront invités à participer dans le cadre de cette Ecole à une présentation de leurs travaux.
Cet ensemble sera complété par une conférence publique et la projection d’un ou de plusieurs films, l’approche visuelle des faits religieux s’imposant aujourd’hui comme une donnée majeure de la recherche.
Ce bref texte est appelé à circuler dans nos unités pour mobiliser les forces compétentes.
Imed Melliti, professeur des Universités, sociologue, Université de Tunis al-Manar / IRMC
Oissila Saaidia, professeur des Universités, histoire contemporaine, IRMC
Nader Hammami, maître assistant, islamologue
Comité de pilotage
Philippe Martin
Anouk Cohen
Katia Boissevain
Oissila Saaidia
Public visé
Doctorants européens et maghrébins travaillant sur des thématiques religieuses en relation avec l’islam contemporain (XIXe-XXIe siècles).
Une quinzaine de doctorants seront sélectionnés par appel à candidature lancé en décembre 2020. Les doctorants maghrébins seront entièrement pris en charge par l’IRMC ainsi que l’hébergement des doctorants européens.
Budget prévisionnel
Cf. pièce jointe
Argumentaire scientifique
Les sociétés musulmanes contemporaines sont confrontées, depuis le XIXe, à une recomposition du religieux qui s’exprime aussi bien par des phénomènes de sécularisation que par des processus de « réislamisation ». Si la question de la sécularisation est antérieure au XIXe (cf. les jurisprudences autour du « droit des affaires » pour notamment contourner l’interdit de l’usure), celle de la « réislamisation » remonte, elle, au XVIIIe avec l’émergence du wahhabisme et sa remise en cause de pratiques identifiées à des innovations blâmables (bid‘a). Cette dernière tendance s’accentue au cours du XXe siècle avec l’émergence de discours se revendiquant de la réforme et prônant un « retour » à des pratiques présentées comme celles de l’islam « des origines ». Ces courants se proposent de revenir à ce qui est conçu comme la source par excellence, le Coran. Politiques ou apolitiques, ces nouvelles interprétations de l’islam ont gagné l’ensemble des sociétés musulmanes selon des modalités et des temporalités différentes. Elles connaissent, depuis le dernier quart du siècle, de nouvelles mutations allant de pair avec l’émergence de nouveaux usages du Coran, à un moment où les sociétés étudiées connaissent de profonds changements culturels (progrès d’alphabétisation, hausse du taux de scolarisation, diffusion des nouvelles technologies, accession plus large au savoir), sociaux (extension des droits de la femme), économiques (augmentation de la part de la population active, élévation du niveau de vie) et politiques.
Ces nouveaux usages du Coran et la redéfinition des pratiques religieuses qu’ils induisent sont essentiels à étudier dans la mesure où ils nous informent sur les places variées que le Livre sacré occupe et les relations entretenues avec d’autres textes ou espaces. Par exemple, certains versets du Coran ont fait leur apparition dans des espaces inhabituels comme les murs des rues, les magasins, les marchés, les écoles, sur les voitures en guise de protection, etc. Il en va de même pour la récitation des sourates qui, si elle relève d’un usage ancien comme au moment des prières rituelles, intervient également dans d’autres cadres comme lors des cérémonies officielles non religieuses. Plus encore, ces récitations deviennent le préambule lors de la prise de paroles dans le cadre d’une conférence ou en début de journal télévisé. Aussi, les liens récemment apparus entre chansons profanes et récitations coraniques soulignent la porosité qui réside entre ces deux styles, comme l’illustre bien l’exemple d’Oum Kalthoum formée au chant par la récitation du Coran, à l’école puis à la mosquée, aux côtés de son père.
Enfin, le livre du Coran vendu par milliers à des prix bon marché, se décline sous des formes de plus en plus variées (livres de différentes tailles, reliés ou non, avec ou sans étui, étui en velours ou bien en cuir, pouvant inclure une fermeture éclair ou pas). Depuis quelques années, l’introduction des nouvelles technologies dans la fabrication et la diffusion du livre saint a permis la conception de « gadgets coraniques » à l’origine de nouveaux modèles tels que le Coran aux pages parfumées, le Coran au stylo électronique audio, le Coran numérique, le Coran digital sur les téléphones portables (« smartphone »), ou encore le Coran en ligne, traduit en plusieurs langues (français, anglais, espagnol, allemand, hollandais, berbère, etc.)
Ces observations conduisent à examiner comment ces changements de la pratique coranique s’accompagnent d’une modification du rapport des fidèles au texte, à sa transmission et plus globalement à l’islam.
Cette école doctorale entend examiner les modalités de cette reconfiguration en étudiant les incidences et les recompositions induites par ces nouveaux usages du Coran dans les activités ordinaires des croyants, y compris l’éducation religieuse. Il s’agit de focaliser l’analyse sur l’expérience pratique de manière à rendre compte des mécanismes de l’adhésion et de l’impact de la pratique sur les subjectivités religieuses. Ce choix méthodologique implique d’analyser les formes tangibles à travers lesquelles l’islam se manifeste et de prêter attention aux pratiques individuelles et sociales dont elles font l’objet dans les espaces à la fois publics et privés : habitations, magasins, établissements d’enseignement, moyens de transport, hôpitaux, etc. Il sera aussi question de s’intéresser à la façon dont la circulation du texte coranique aux côtés d’autres livres religieux (comme les hadiths qui rapportent les faits et dits du Prophète, les tafsîr qui désignent l’exégèse coranique ou encore les Qassaïdes qui rassemblent les écrits de Cheikh Amadou Bamba, fondateur du mouridisme, confrérie soufie sunnite) a donné lieu à l’apparition de nouvelles pratiques cognitives telles que l’indexation du texte coranique ou encore la comparaison avec d’autres textes, religieux ou non. Autrement dit, il sera question d’étudier si cette nouvelle capacité aussi bien à parcourir le Coran à tout moment et en toute circonstance, qu’à le lire en relation avec d’autres textes poétiques et/ou religieux permet une approche plus critique du Coran allant de pair avec de nouvelles interprétations.
Cette école doctorale tentera donc de dessiner une autre approche de l’islam, éloignée des représentations et plus proche de l’expérience religieuse et sociale. Cette démarche se veut résolument pluridisciplinaire avec des entrées qui relèvent de l’anthropologie culturelle, de la sociologie et de l’histoire religieuse, mais aussi de la sociologie du politique, de la géographie ou encore de l’exégèse islamique. Elle souhaite également être comparative, en faisant appel aux connaissances de chercheurs et chercheuses travaillant sur des textes et des situations issus des autres religions.
Programme provisoire
Jours 1, 2 et 4
Format Conférences plénières (2 conférences / jour) + présentation des travaux des doctorants (5 présentations / jour).
Pour ce qui est des conférences plénières, 4 d’entre elles pourraient être consacrées à l’islam mais il faut prévoir deux conférences portant sur d’autres religions ou mouvements religieux comme le christianisme, le judaïsme, etc. afin d’introduire une dimension comparatiste.
Les conférences plénières seront ouvertes au public et notamment aux étudiants inscrits au master des sciences religieuses de l’Université de la Manouba. En revanche, les présentations des doctorants se feront sous forme d’ateliers fermés où seuls les encadrants seront présents et les doctorants dont la candidature aura été retenue.
Thématiques des conférences plénières et/ou conférenciers pressentis
Mohamed Janjar (?)
Abdel Majid Charfi (?)
Encadrants pressentis
Les 6 conférenciers + Oissila Saaidia + Philippe Martin + le responsable du master de sciences religieuses de la Manouba + d’autres collègues qui seront identifiés prochainement.
Les conférenciers devraient être encadrants. On ne peut faire appel à des « conférenciers étrangers » et des encadrants « locaux » car cela instaure une hiérarchie désagréable. Étrangers ou locaux, les conférenciers devront être en mesure de rester une semaine ou au moins 3 jours, pour suivre une partie des travaux.
3e jour
Sortie de terrain : visite de la Zitouna, du mausolée de Saïda Manoubia
Après-midi du jeudi : libre ? ou visite de la Cathédrale-synagogue ?
5e jour
Présentation d’ouvrages et d’articles autour de la thématique : Anouk Cohen + autres personnes à solliciter