Résumé:
La ville de Metz (20 000 habitants), sous protection française depuis 1552, puis en voie de francisation politique jusqu’à l’annexion officielle en 1648, constitue un laboratoire à part pour observer la coexistence confessionnelle et la tolérance accordée par la monarchie au XVII e siècle. On y voit la présence d’une forte minorité réformée (entre la moitié et le cinquième de la population) qui bénéficie de certaines libertés inconnues sous le régime de l’édit de Nantes, et d’une petite minorité juive, protégée par la monarchie malgré le renouvellement de l’édit d’expulsion du royaume en 1615.
La tolérance accordée à ces deux communautés par le pouvoir politique est à géométrie variable. Tandis que les réformés connaissent un sort de moins en moins favorable de la part des autorités et du clergé catholique, jusqu’à devoir connaître les effets de la révocation de l’édit de Nantes qui supprime leur liberté de culte (1685), les juifs continuent à être protégés, malgré l’hostilité des chrétiens locaux. Il faut y voir une volonté très pragmatique de ne tenir compte que des intérêts (géo)-politiques et économiques les plus immédiats de la monarchie, aux échelles locale et nationale, dans une ville de frontière hautement stratégique.
Référence:
Julien LEONARD, « Une tolérance à géométrie variable : catholiques et protestants, chrétiens et juifs, pouvoir royal et francisation. Metz au XVII e siècle », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, 2018/1 (n° 125-1), p. 97-109.