Résumé:
Cet article vise à éclairer les usages dont les notions de « restes d’Israël », de « communauté sainte » et de « nation juive » ont fait l’objet au cours des temps : notions exégétiques pour les deux premières, phénomène historique pour la troisième. L’analyse cherche à associer des éléments qui relèvent de genres distincts : la théologie (anhistorique) et l’histoire (ancrée dans le temps) afin de mettre en lumière le glissement sémantique qui, dans la constitution historiographique du fait juif dans l’Europe chrétienne et dans la production d’une définition des groupes juifs, a conduit aux conceptions modernes des notions de « communauté » et de « nation ». Mis en relation avec l’idée de rédemption collective et de sainteté, ce glissement permet de saisir l’importance accordée par la pensée chrétienne à la conservation des vestiges d’Israël en vue de leur conversion ultime.
Référence:
Sylvie Anne GOLDBERG, « La formation de la « nation » juive dans l’Europe chrétienne latine. Des « restes d’Israël » à la « communauté sainte » », Revue de l'histoire des religions, 2017/2 (Tome 234), p. 237-254.