Résumé:
Au début du V e/XI e siècle, l’attachement de nombreux soufis à la collecte, à la transmission et à l’exégèse du hadith représente déjà une forme de dévotion à la personne du Prophète. La chaîne de transmission (isnâd) des hadiths n’est plus seulement perçue comme la garante de l’authenticité de la parole prophétique, elle porte également la trace de la présence du Prophète qui chemine à travers les générations de transmetteurs. De ce fait, elle peut être perçue comme une relique transmise avec ferveur. Cette nouvelle dimension de l’isnâd est à relier avec l’émergence progressive, vers la fin du IV e/X e siècle, d’une part du modèle prophétique comme source fondamentale de la voie spirituelle et d’autre part de la formalisation du rôle et du statut du maître spirituel dans l’éducation des disciples. L’enseignement du Prophète, collecté sous forme de sentences selon les normes des traditionalistes, reçoit un statut similaire à celui du hadith.
Référence:
Jean-Jacques THIBON, « Transmission du hadith et modèle prophétique chez les premiers soufis », Archives de sciences sociales des religions, 2017/2 (n° 178), p. 71-88.