Résumé:
Cet article se propose de réfléchir à la notion de tradition militaire à travers un cas concret : le culte dont faisait l’objet La Tour d’Auvergne dans son régiment, dans l’armée et dans le monde civil. Ce culte s’appuyait sur des rites à objectif transmissif et sur une matérialité qui conféraient à la tradition un caractère sacré. Née spontanément, presque dissidente, la tradition fut assez rapidement désactivée par Napoléon, puis éteinte sous les Bourbons. Mais elle trouva refuge dans le monde civil qui la fit vivre et évoluer. Remise à l’honneur par l’armée sous la Troisième République dans le contexte de la réforme militaire et du réarmement moral, elle connut son apogée dans les années précédant la guerre. Mais lorsque survint celle-ci, la tradition s’avéra, semble-t-il, peu efficace. Une tradition militaire, cela sert en effet plus à préparer la guerre qu’à la faire.
Référence:
Alain LE BLOAS, « Une tradition militaire au xixe siècle : le culte de La Tour d’Auvergne (1800-1915) », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, 2018/2 (n° 125-2), p. 145-170.